Tshisekedi-Ambongo : le tête-à-tête de l’apaisement ?

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Le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a reçu, jeudi 16 mai 2024, le cardinal Fridolin Ambongo Besungu. Une rencontre qui a eu lieu après plusieurs mois des tumultes entre l’archevêque métropolitain de Kinshasa et le pouvoir du successeur de Joseph Kabila.

La rencontre, qui a duré deux heures selon la présidence congolaise, a eu lieu en présence de Mgr Andriy Yevchuk, chargé d’affaires à la Nonciature apostolique. Cette rencontre a été sollicitée par le cardinal Ambongo pour, selon lui, « faire la lumière sur différents points». D’après son intervention à la presse à l’issue de ce tête-à-tête, Fridolin Ambongo a qualifié de « malentendu » les propos lui attribués notamment sur les accusations selon lesquelles le gouvernement aurait armé les rebelles rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Propos du reste démentis par l’agence Fides qui soulignait « une erreur de traduction » de l’interview du prélat réalisée en italien.

« Tous les tumultes qu’on a entendus sur les réseaux [sociaux] ces derniers temps, j’avais souhaité rencontrer le chef de l’Etat. Il m’a donné cette opportunité de le rencontrer aujourd’hui […] Cela a été un moment de clarification. Là où les hommes se parlent, les choses sont claires. C’est avec un sentiment de grande satisfaction et de gratitude vis-à-vis du chef de l’Etat que je sors de ce bureau. », a déclaré le cardinal Fridolin Ambongo après son audience avec Féli Tshisekedi.

Le bouillonnant archevêque de Kinshasa estime, pour sa part, qu’il n’y a plus de problème après cette rencontre. « Pour moi, normalement, il n’y a plus de problème. Il y a eu plus de malentendu que de vrai problème. C’était nécessaire qu’on se rencontre pour faire la lumière sur tous ces sujets qui avaient peut-être créé des malaises. Et maintenant qu’on se parle tout devient clair », a ajouté Fridolin Ambongo.

Il épingle un point de convergence entre Félix Tshisekedi et l’église catholique, c’est « le bien du peuple congolais ». Fridolin Ambongo note que le président Tshisekedi mène un combat sur la scène internationale pour que la RDC retrouve « sa sérénité et sa respectabilité ». « Nous sommes condamnés à travailler ensemble, main dans la main, pour le bien de notre pays qui, aujourd’hui, est en péril à cause de la voracité des pays voisins », a-t-il conclu.

Cette rencontre intervient au moment où le procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde Mambu, avait demandé, fin avril, à son collègue procureur près la Cour d’appel de Kinshasa-Matete, d’ouvrir une information judiciaire à l’encontre du cardinal Ambongo. Cette instruction du patron des parquets congolais faisait suite à plusieurs propos prononcés par le cardinal Ambongo notamment dans son homélie, tenue fin mars, lors de la messe de Pâques. Dans cette homélie, Fridolin Ambongo semblait justifier la rébellion du M23 appuyé par le Rwanda qui s’est fait rejoindre par certains Congolais, notamment Corneille Nangaa, ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Pour le cardinal, ces Congolais partent en rébellion parce qu’ils étaient exclus de partage « du gâteau » en RDC. Il avait encore soutenu que les Congolais qui sont sous occupation de l’armée rwandaise et du M23 vivaient « mieux ».
Une forme de justification qui avait fait bondir le gouvernement. « Quelles que soient les raisons, on ne peut pas soutenir des Congolais qui veulent prendre des armes pour tuer des Congolais afin d’accéder au pouvoir », avait réagi son porte-parole, Patrick Muyaya. Ce dernier avait même demandé au cardinal Ambongo de « clarifier » ses propos.

« (…) Les mots du cardinal, j’espère qu’il fera une clarification, peuvent être perçus comme un encouragement, comme un soutien moral à ceux qui choisissent de prendre les armes pour penser conquérir le pouvoir, alors que nous sommes dans un cycle depuis 2 ans qui veut que nous puissions sortir de cela », avait-il ajouté.

Le procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde Mambu, dans sa lettre du 27 avril, accusait l’archevêque catholique de « violenter délibérément les consciences et de trouver un plaisir à travers la propagation de faux bruits et incitations des populations à la révolte contre les institutions établies et attentats contre les vies humaines ». Pour Firmin Mvonde, au moment où le pays fait face à la guerre dans sa partie orientale, il s’observe dans les comportements du prélat une constance des propos « séditieux » tenus lors des points de presse, interviews et sermons de nature à décourager les militaires des FARDC qui combattent au front. Mais aussi, précisait-il, des propos incitatifs à la maltraitance par les rebelles et autres envahisseurs des populations locales « déjà meurtries » par autant d’années de déstabilisation. De son côté, Félix Tshisekedi avait accusé le cardinal Ambongo de se faire le « propagandiste du Rwanda ». Mais après cette rencontre, l’heure semble être à l’apaisement entre les deux personnalités.

CN/DC

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