Présidentielle 2023: Tshisekedi, Katumbi, Fayulu et Muzito, le quatuor émergent

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La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a publié, le 27 décembre dernier, de nouveaux résultats de l’élection présidentielle, en attendant la proclamation des résultats provisoires le 31 décembre prochain. Ces nouveaux résultats sont issus d’un peu plus de 39.000 bureaux de vote, soit un peu plus de la moitié des 75.000 répartis sur l’ensemble du territoire national.

Toute chose restant égale, par ailleurs, ils devraient donc cristalliser, sauf rebondissement, le choix des Congolais sur ceux qu’ils souhaitaient voir présider à leurs destinées pour les cinq années à venir. Et ce choix s’est cristallisé sur un quatuor de tête, à savoir Félix Tshisekedi qui vient en tête suivi de Moïse Katumbi, Martin Fayulu et Adolphe Muzito.
Cet ordre d’arrivée corrobore, dans une large part, les prévisions qui émanaient des intentions de vote sondées par les maisons sérieuses peu avant les élections.

Sans surprise, Félix Tshisekedi se confirme après avoir été le grand favori. Candidat à sa succession, le Président sortant a eu, pour lui, le grand atout de la mobilité qui lui a permis de sillonner les 26 provinces avant d’être pris en relai par un bataillon de leaders locaux à la faveur de gros moyens financiers.

Ployant sous un bilan peu reluisant sur les principaux indicateurs d’évaluation (sécurité, social, économie, corruption, etc.), le candidat Tshisekedi aura largement tiré profit de cette proximité psychologique demeurée vivace jusqu’au jour du vote et même pendant le vote.
Son atout aura également été son discours de campagne axé, non pas sur le programme qu’il avait présenté au départ, mais sur les détails du commun des Congolais, notamment la diabolisation de Paul Kagame ou la nationalité de son concurrent direct, Moïse Katumbi.
Venant à la deuxième marche, Katumbi doit cette position à sa machine dénonciatrice du bilan de Félix Tshisekedi, couplée avec la corde sensible du vécu quotidien des Congolais délaissés durant ce mandat. Ayant effectué une tournée de précampagne quelques semaines seulement avant cette campagne officielle, Katumbi, que l’on ne créditait pas d’un ancrage sociologique au-delà de son Katanga ni du cercle sportif du football, aura aussi tiré avantage sur la diabolisation et les exactions dont il a été victime et qui ont fait de lui un martyr pour attirer la compassion de certains électeurs.

Et peut se risquer de dire, toutes choses demeurant toujours égales par ailleurs, que s’il n’avait pas subi des entraves et avait pu sillonné l’ensemble du territoire selon programme, le résultat serait autre.
Pour sa part, Martin Fayulu a eu le mérite de cristalliser sur lui la stature du candidat de l’opposition lorsque Katumbi, venant devant lui, était présenté comme candidat de l’étranger.

Également à son avantage, son ancrage dans l’imaginaire des congolais comme celui qui avait gagné les élections en 2018 et donc ayant droit à rétablir. Une stature soulignée par le bilan peu reluisant du mandat écoulé et sur lequel il a largement épilogué pendant sa campagne électorale.
Martin Fayulu aurait peut-être réalisé un meilleur score s’il n’avait pas compliqué ses engagements en quittant le processus électoral avec son parti et ses alliés avant d’y retourner. Cela lui a donné une image d’instabilité qui n’a pas rassuré les électeurs exigeants.

Quant à Adolphe Muzito, quelle soit l’issue finale de cette présidentielle, on retiendra une belle entrée en matière pour cet ancien Premier ministre qui en était à sa première candidature et qui s’en tire de manière particulièrement honorable. En effet, même s’il n’est pas une nouvelle figure sur la scène politique, Muzito se présentait à ces élections générales avec son parti politique, Nouvel Elan, qui en est aussi à ses premières élections.

Après avoir soutenu, en 2018, la candidature de Martin Fayulu dont on connait la position finale, Adolphe Muzito a décidé de voler de ses propres ailes sans aucun appui particulier. Alors qu’une dynamique s’était créée pour rechercher un candidat commun de l’opposition, lui a choisi de tracer son chemin suivant une vision de campagne qui le singularisait, car basée, d’une part sur ses réalisations pendant son mandat à la Primature et, d’autre part sur son programme proposé.
Muzito est, en effet, le seul candidat qui a réellement « vendu » son programme plutôt que des promesses.

Lumumbiste de souche, Muzito a alors tissé minutieusement sa toile pour quadriller le pays grâce à une implantation stratégique de son parti politique. Tout aussi stratégique aura été sa campagne électorale menée par ciblage, mais qui a été facilitée certainement par son bilan de Premier ministre, aussi bien sur le plan économique que sur le volet social.
C’est, en effet, Muzito qui avait réussi à stabiliser durablement le cadre macroéconomique tout en réussissant à atteindre le point d’achèvement de l’initiative PPTE qui avait conduit à l’annulation de la dette extérieure de la RDC vieille de plus de 30 années. C’est lui également qui prendra à bras le corps le social des professeurs d’université et des médecins en relevant sensiblement leurs salaires que personne d’autre après lui n’a su dépasser.

Passer quatrième sur 26 candidats dans un pays aux dimensions continentales et aux défis multiples pour séduire l’électorat ne peut être qu’un signe d’encouragement et un signal fort qui confirme Adolphe Muzito comme un poids lourd désormais incontournable sur l’échiquier politique national.

On s’attend, par ailleurs, à ce que son parti politique, Nouvel Elan, fasse une entrée tout aussi honorable dans les institutions publiques au niveaux de législatives nationale et provinciale, et pourquoi pas, dans la communale. Ce qui fera encore de lui un leader incontestable.

CN

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