Les deux fils du Kasaï émettent sur deux ondes différentes, l’un évoquant l’article 217 pour justifier la révision vu constitutionnelle et l’autre dénonçant une mauvaise interprétation de cet article pour instaurer la dictature

Entre les deux frères, c’est le désamour total. Les ambitions et idéologies politiques les ont diamétralement opposés. La question de la révision ou changement de la constitution du 18 février 2006 est venue creuser davantage le fossé entre ces deux leaders politiques. Il s’agit du Chef de l’Etat Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo et de l’ancien député national et ancien gouverneur de l’ex-province du Kasaï Occidental, Lubaya Claudel André.
Les deux héritent les idéologies politiques de leurs pères, à savoir feu Etienne Tshisekedi Wa Mulumba, ancien Premier ministre et feu Guillaume André Lubaya Ntalaja, ancien député national et ancien ministre de la santé. L’un est décédé d’une mort naturelle parce qu’emporté par une maladie et l’autre a été carrément liquidé par le régime Mobutu et son corps à l’instar de celui de Patrice Emery Lumumba, a disparu jusqu’à ce jour.

La pomme de discorde

Depuis la ville de Lubumbashi où il séjourne depuis samedi 16 novembre 2024, dans le cadre d’une itinérance dans le grand Katanga, le chef de l’Etat s’est adressé à la population Lushoise massée à la Place Moise Tshombe au centre-ville de Lubumbashi.
Sur place, il a réitéré sa ferme volonté de réviser la constitution.

« Personne ne changera mon avis sur la question
De révision ou du changement de la constitution », a martelé Félix Tshisekedi.


Dans son meeting, l’emploi des jeunes, la situation sécuritaire du pays et la question de la révision ou du changement de la constitution ont été largement abordés.


Au sujet de l’emploi des jeunes, le Chef de l’État a rappelé les six engagements de son deuxième quinquennat qui accordent une place de choix aux jeunes.


Il s’est longuement attardé sur la guerre d’agression menée par le Rwanda, dénonçant la complicité de certains fils du pays « qui ont vendu leur âme au diable ».


« Soyez très vigilants parce que l’une des provinces visées par ces ennemis du peuple congolais est celle du Haut-Katanga. Ne permettez à personne de vous manipuler à cause des frustrations issues des élections qu’ils ont perdues ou boycottées », a précisé Félix Tshisekedi.


Interpellé par la population qui scandait à haute voix « révisons la constitution », le Président de la République est resté très ferme à ce sujet.

“ Je réitére mes propos tenus à Kisangani au sujet de la constitution de notre pays. Je fustige le discours de manipulation de certains ministres de Dieu au sujet de la constitution” a dit le Chef de l’État.


Et de s’interroger: « Quel est ce peuple qui n’a pas le droit de metrre en question sa constitution ».


Il va réviser la constitution.

« Ce que j’ai dit à Kisangani n’a rien à voir avec un troisième mandat. Je viens de clôturer les états généraux de la magistrature où les 5 000 participants ont demandé la révision de deux articles de l’actuelle constitution », a-t-il dit.
Et de préciser: «Je confirme que l’année prochaine, je mettrai en place la commission chargée de réfléchir sur la constitution. Nous consulterons le peuple congolais pour une révision ou un changement de la constitution “.

Au passage, le président Tshisekedi a mis en garde contre tous ceux qui manipulent la population.
“ J’admets le débat mais pas la manipulation », a-t-il souligné.

Lubaya rumine de colère

«Après le monologue de Lubumbashi, changer de président, pas de Constitution», a posté l’ancien gouverneur du Kasaï Occidental sur son compte X.

« Ce soir à Lubumbashi, j’ai noté un président Tshisekedi aux abois, aussi faible qu’affaibli par l’ivresse d’un pouvoir illégitime, davantage agité et inquiet de son avenir, cherchant désespérément par les mensonges, la manipulation, les menaces et intimidations, à perpétrer un coup d’État constitutionnel par le changement de la Constitution, a-t-il dit.
Et d’ajouter: « Ce soir à Lubumbashi, Félix Tshisekedi, en dépit des efforts fournis avec la même verve oratoire, a déçu plus d’un Congolais en démontrant son incapacité endémique à comprendre et à interpréter de manière claire et compréhensible, l’esprit et la lettre de notre Constitution, plus spécialement, son Article 217 ».
Ci-dessous le poste de Lubaya.

Révision constitutionnelle en 5 points

  1. Toute la rhétorique officielle en faveur de la révision ou du changement de la Constitution repose sur un tissu de mensonges. Il n’y a aucune vérité. Contrairement à ce qu’avait affirmé Félix Tshisekedi le 23 octobre dernier, c’est justement à Kisangani, au Centre Simi-Simi, que des sénateurs congolais membres du Comité de rédaction de l’avant-projet de Constitution, appuyés par des experts congolais qui sont encore en vie d’ailleurs, s’étaient enfermés du 1er au 15 octobre 2004 pour rédiger le texte de l’avant-projet de Constitution en exécution de la mission leur confiée par le Sénat de la transition à qui revenait, conformément à l’article 104 alinéa 2 de la Constitution de la transition, la charge d’élaborer ledit avant-projet.
  2. Portées par Félix Tshisekedi et relayées par le Secrétaire Général de son parti, les faussetés sciemment répandues par ce duo en panne d’arguments ne font qu’accentuer la division et l’angoisse au sein de notre Nation. Ces mensonges sont destinées uniquement à divertir le peuple et l’empêcher de réfléchir à un quotidien de plus en plus insupportable, eu égard à l’échec évident de la gouvernance Tshisekedi, tant durant son premier mandat qu’en ce début de son second et dernier mandat, du reste illégitime. Que sont devenus les 5 piliers de son programme? Tshisekedi n’en parle plus. Où sont les 6.500.000 emplois promis dans ce programme ? Où en est-il avec la protection du pouvoir d’achat, l’accès à l’eau potable, la protection du territoire national et la sécurité des personnes et leurs biens, etc ? Ce programme est-il déjà exécuté au point qu’il faille passer à autre chose, le changement de la Constitution ?
  3. La campagne anti Constitution, menée tambour battant par Félix Tshisekedi sur fond de falsification des évidences historiques et des contre-vérités, constitue à tous égards, une haute trahison envers la Nation, crime imprescriptible et impardonnable et une violation délibérée des termes du serment qu’il a prêté devant la nation. Il revient au Procureur général près la Cour constitutionnelle de prendre ses responsabilités en ouvrant une instruction judiciaire contre lui pour des infractions rappelées ci-dessus.
  4. Alors qu’il avait prétendu avoir consulté ceux qu’il appelle les « scientifiques », Augustin Kabuya, député national et secrétaire général du parti au pouvoir, faute d’arguments pour justifier la démarche de son chef, déclare à haute voix que « notre Constitution est une malédiction » ! Il s’agit de sa part d’un manquement grave au devoir imposé à tout congolais de respecter la Constitution et de se conformer aux lois de la République (Article 62 de la Constitution). Il s’agit également d’une insulte à l’intelligence congolaise qui a rédigé ce texte, de même qu’il ramène au niveau des caniveaux, un débat qui engage la vie de la nation. Le Bureau de l’Assemblée nationale devrait le sanctionner en application de son Règlement intérieur dans la mesure où son comportement porte gravement atteinte à l’image de marque de la chambre basse ainsi qu’à la dignité et à l’honorabilité de la fonction de député national.
  5. Rien n’autorise le secrétaire général du parti au pouvoir, parlementaire en divagation et qui n’a jamais été aperçu au micro dans l’hémicycle, à dénigrer la loi fondamentale. Ce n’est pas parce que l’Udps a la culture du non-respect des engagements, des textes et de la parole donnée qu’il peut se permettre, de dénigrer la loi fondamentale, socle de l’existence et de l’unité de notre nation. C’est irresponsable, inacceptable, inexcusable. Comme pour Tshisekedi, il revient au procureur général près la cour de cassation de sévir contre le secrétaire général de l’Udps, parlementaire qui abuse de sa position en propageant de faux bruits pour inciter la population à la rébellion et à la désobéissance à loi fondamentale.

Lubaya Claudel André

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