Entretien avec Cyrille Mutombo, Directeur Pays de Barrick RDC et Directeur Général de Kibali Goldmine.
A Mining Indaba, la grande conférence minière annuelle qui se tient depuis 30 ans à Cape-Town, en Afrique du Sud, Barick (autrefois Randgold) et Kibali Goldmine consacrent le temps, chaque troisième jour, pour échanger avec la presse congolaise sur les questions de l’heure.
Exercice auquel ne se dérobe jamais Cyrille Mutombo, Directeur Pays de Barrick RDC et Directeur Général de Kibali Goldmine, qui a échangé les après-midi du 7 février 2024 au grand Stand de Barrick avec la presse lors d’un entretien dirigé par Franck Fwamba et Marcel Mubenga. Décryptage.
Question :
Monsieur le Directeur Général, c’est le 30ième anniversaire de Mining Indaba, il y a eu quand même des messages, il y a eu autant pour la RDC autant pour l’Afrique du Sud quelle message que Kibali à amener pour passer à ce forum ?
Cyrille Mutombo :
Merci beaucoup et bonjour à tous les amis de la presse. Effectivement c’est un plaisir pour nous d’être à ce 30 ième anniversaire de Mining Indaba, une opportunité où vous avez l’industrie, les gouvernants et toutes ces personnes qui ont été à a cette réunion. Et pour le cas de Barrick, ca a été un plaisir encore pour nous. Cette année, Dr Mark Bristow est venu avec un thème qui nous définit : celui du partenariat et de la transformation de la part des investisseurs étrangers dans des projets miniers. Comme vous le savez très bien, le groupe Barrick aujourd’hui – et Randgold tel que nous étions quelques années – nous sommes en RDC bientôt 14 ans, et une des choses que nous avons réussi à démontrer c’est justement la capacité de transformation d’un partenariat.
Dr Mark a partagé avec insistance ce message principal pour décrire et voir comment ce genre de partenariat marche dans des pays hôtes. Barrick opère dans plusieurs pays qui nous font confiance en nous donnant ce qu’ils ont de mieux dans le sous-sol, et en tant que miniers, nous avons la capacité de transformer pour ajouter de la valeur en faveur de toutes les parties prenantes : les communautés, l’Etat et aussi les actionnaires qui ont fait la mise de départ.
Cela était le thème principal que Barrick a développé durant ce Mining Indaba 2024 et en tant que Kibali Goldmines, nous sommes fiers d’expliquer avec des illustratives pratiques et exemples vérifiables.
Comme vous le savez, Barrick évolue pas seulement dans l’or comme avec nous le faisons avec Kibali Goldmines mais aussi nous avons aussi des intérêts dans la filière cuprifère comme en Zambie à notre mine de Lumwana. Cette filière est entrain de grandir au niveau de notre groupe ; vous avez appris le travail que nous faisons au Pakistan où nous sommes en train de développer une très grande mine, un de très grand potentiel de cuivre dans le monde et en RDC, nous ne voulons pas aussi être à l’écart parce que nous connaissons tous la capacité du potentiel cuprifère qu’a le pays.
Aujourd’hui, pendant les échanges avec les autorités : son excellence monsieur le premier ministre et son excellence madame la ministre des mines qui nous ont aussi accueillis à ‘’DRC Breakfast’’ ce matin du 7 février, c’était le message sur lequel Marck Bristow est revenu pour montrer ce que nous faisons au-delà du ‘’local-content’’, comment nous sommes arrivés dans ce milieu, ce que nous y avons fait pour la transformation et surtout dans la création de cette nouvelle classe moyenne qui est une vision très chère du Chef de l’Etat que nous félicitons en passant pour sa brillante réélection à la magistrature suprême.
C’est dans cette vision là que nous nous inscrivons tous pour voir dans quelle mesure nous pouvons créer de la valeur, créer une classe moyenne des entrepreneurs congolais et développer les communautés que nous considérons comme partenaires de nos investissements. Voilà le message que Mark Bristow n’a cessé de partager avec nous pendant ce 30ième Mining Indaba.
Question :
Monsieur le Directeur général, la ministre des mines a dit ce matin que désormais tous les nouveaux projets miniers devraient tenir compte du volet ‘’production de l’énergie’’ pour l’exploitation et la production. En tant que Barrick et Kibali, êtes-vous satisfaits d’être leader et disposé d’exercer ce leadership en RDC ?
Cyrille Mutombo :
Effectivement, nous étions très fiers de l’entendre de son excellence madame la ministre de mines lorsqu’elle dit aujourd’hui. Si nous voulons développer le potentiel minier que nous avons, surtout non seulement dans le Katanga mais partout dans la république, l’énergie est la clé car sans énergie nous ne savons pas le faire.
C’est de cette matière Kibali a été le pionner avec la construction de trois centrales hydroélectriques qui sont fonctionnels ; présentement, nous construisons une centrale solaire qui aura 16 mégawatts à ajouter aux 44 mégawatts que produisent les centrales hydroélectrique, cela nous nous garantit un potentiel de 60 mégawatts d’électricité qui est à la base même de la transformation.
A Kibali nous privilégions les énergies vertes du solaire ou de l’hydroélectricité. C’était aussi notre message (ce matin). Kibali, est une mine spéciale grâce à son autonomisation et à la qualité de son énergie (verte).
Concernant notre cahier de charge et des projets que nous réalisons dans le cas de la dotation de 0,3% du Chiffre d’Affaires comme le stipule le Code minier, nous sommes aussi entrain de développer deux centrales solaires, à Durba et Makoro, d’une capacité combinée de 3 mégawatts au profit des communautés.
A ce jour, nos communautés de Durba ont l’électricité que nous produisons déjà à nos centrales. Comme Mark aime bien le dire lorsqu’il est à Kinshasa ou même ici en Afrique du Sud, à Kibali, nous n’avons pas de délestage. Nous sommes actuellement en Afrique du Sud, un pays qui est entrain d’exceller aujourd’hui dans le délestage, nous ne connaissons pas ça à Kibali.
Question :
Mark est revenu et a insisté en disant que Barrick, Kibali n’est pas le ‘’local-content’’ mais plutôt le partenariat.
Voudriez-vous expliquer la différence entre le ‘’local-content’’ et le partenariat que Barrick veut pour le développement durable dans les mines en Afrique.
Dr Mark Bristow, PDG de Barrick, lors de son intervention à DRC-Breakfast le 7 février à Westin Hotel (Cape-Town) lors de Mining Indaba 2024 (Photo : FKF Softpress)
Cyrille Mutombo :
Revenons sur le potentiel et la croissance que nous planifions en RDC, c’est le même modèle que nous allons appliquer partout, au Katanga maintenant que nous voulons investir dans le cuivre au pays. Et selon notre philosophie, c’est le partenariat avec les parties prenantes à nos projets miniers au-delà même du ‘’local-content’’ ; effectivement, tous ceux qui travaillent avec Barrick ont vu que ceux que tout le monde appelle aujourd’hui les sous-traitants sont les partenaires pour nous.
Partenaires parce que nous les considérons comme les copropriétaires dans ces projets que nous développons. C’est ainsi que vous verrez que nous travaillons ensembles avec eux, nous sommes au front avec eux et nous essayons non seulement de les aider mais nous les faisons aussi grandir. L’exemple de ce que nous avons fait dans la construction des centrales hydroélectriques, avec des sociétés comme IOB de monsieur Feni Samuel, est plus parlant.
Dès le départ, nous avons invité les sociétés internationales pour la construction desdites centrales et imposé une procédure simple : vous travailler avec les sociétés locales congolaises à la construction de la première centrale pour le transfert des connaissances et de technologie ; à la deuxième centrale, vous leur donnez la moitié de travaux et vous les former de telle manière qu’à la prochaine centrale nous n’ayons plus besoin de vous.
Cela était fait. La deuxième centrale était finie et la troisième a été construite entièrement par les congolais sous la direction de l’entreprise locale IOB SARL. C’est ainsi que nous les définissons comme partenaires, ils ont aujourd’hui la capacité de construire les centrales hydroélectrique pour n’importe quel client au pays. Nous le faisons aussi pour nos travaux de forage, nous travaillons avec plusieurs sociétés locales que nous avons formées et soutenues. Elles peuvent aujourd’hui faire la compétition avec les grands, les sociétés internationales qui font des forages. Pareil pour le travail de mines.
Didi Mudogo (MD Services) et Samuel Feni (IOB), deux de grands partenaires de Barrick et Kibali Goldmine lors du ‘’DRC-Breakfast’’ le 7 février à Westin Hotel à Mining Indaba 2024 à Cape-Town, RSA. (Photo : FKF Softpress)
Chez nous à Barrick et Kibali ou ailleurs, nous n’avons pas réservé seulement le domaine de ce que nous appelons entre guillemet ‘’sous-traitance’’ prioritairement aux congolais pour construire une école par ci, un centre médical par là. Non. Nous les impliquons aussi dans les travaux directement liés à la production minière. Voilà encore pourquoi nous les définissons comme les partenaires et dans tous nos investissements, nous allons dans la philosophie du partenariat au-delà de ce qui est traditionnel.
Je vous donne un cas simple. Nous sommes entrain de développer la filière du tourisme dans la province du Haut-Uélé, nous avons nos obligations légales en terme du cahier des charges que nous exécutons sans faille ; nous avons les obligations en matière de la dotation c’est-à-dire le 0.3% de notre chiffre d’affaires annuel qui va entièrement au développement communautaire.
Au-delà de cela, nous avons des projets additionnels dans le cadre de notre politique de développement durable. C’est ainsi que nous venions de finir le bétonnage de 10 kilomètres à Durba et nous venons d’investir dans le réintroduction des rhinocéros blancs dans le parc national de Garamba, une espèce qui était déjà éteinte à cause de la guerre qui nous a été impose à l’Est de la RDC. Nous avons travaillé en collaboration avec le parc national de Garamba pendant des années en faisant des études et recherches, toutes les études de faisabilité et à ce jour, 16 rhinocéros blancs ont été introduits dans ce parc qui est aussi un patrimoine mondial de l’UNESCO.
Cette année, nous allons réintroduire une trentaine de rhinocéros blancs et l’année prochaine, probablement une autre trentaine pour arriver à un total d’environ 80 rhinocéros blancs. Aussi, nous aidons le parc à développer les infrastructures qui viennent avec le tourisme. Ça, c’est du partenariat que Barrick fait chez Kibali Goldmines où nous n’avons que 45% de participations. Nous ne nous limitons pas à faire de l’exploitation minière, nous allons au-delà dans le vrai sens du mot ; nos créons des partenariats et des partenaires du développement durable, pas des sous-traitants.
Propos transcrits par Jeef Kazadi pour Mining News Magazine, Leader et Congo Nouveau.
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