Le président Félix Tshisekedi est-il en train de porter un coup de massue à la démocratie ? La décision de suspension de 13 partis politiques d’opposition secoue le paysage politique congolais et jette une ombre inquiétante sur l’avenir du pluralisme démocratique. En effet, treize partis politiques de l’opposition viennent d’être suspendus par le gouvernement pour une durée indéterminée, en violation flagrante de la loi congolaise, laquelle limite à quinze jours la durée maximale d’une suspension administrative, et uniquement pour des motifs légalement établis.
Les partis concernés sont :
PPRD (Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie), LGD (Leadership et Gouvernance pour le Développement), Piste pour l’Émergence, AAP (Action Alternative du Peuple), UDA (Union des Démocrates Africains), MPCR (Mouvement du Peuple Congolais pour la République), ATD (Alliance pour la Transformation et le Développement), COFEDEC (Congrès des Fédéralistes Démocrates du Congo), PNEC (Parti National pour l’Émergence du Congo), MLP (Mouvement Lumumbiste Progressiste), UPC (Union du Peuple Congolais) et ADCP (Alliance des Démocrates Chrétiens du Peuple).
Dans une République qui se veut démocratique, cette mesure s’apparente à une atteinte grave aux libertés politiques et à la participation citoyenne.
Alors que l’opposition est déjà marginalisée et inaudible au Parlement, la suspension de treize partis d’un seul bloc révèle une volonté manifeste de neutraliser toute voix critique et de verrouiller davantage l’espace politique national.
Cette décision ne traduit pas la force d’un État, mais sa peur du débat et de la contradiction.
Une dérive dangereuse pour la stabilité du pays
Traquer sans motif valable ceux qui n’appartiennent pas aux institutions, c’est ouvrir la voie à la clandestinité politique.
Car lorsqu’on prive l’opposition de ses droits fondamentaux, on crée les conditions de sa radicalisation. L’histoire politique de nombreux pays enseigne qu’une opposition bâillonnée finit souvent par se réorganiser en marge du système — et c’est alors la stabilité nationale qui en paie le prix.
Une démocratie forte n’a rien à craindre d’une opposition organisée ; seule une gouvernance fragile redoute la contradiction.
L’État de droit en question
Cette suspension indéterminée est une violation manifeste du principe de légalité.
En agissant en dehors de toute base juridique, le gouvernement mine la confiance citoyenne dans les institutions et sape le fondement même de l’État de droit.
Un pouvoir qui viole la loi qu’il est censé faire respecter ne peut exiger des citoyens qu’ils s’y soumettent.
Lorsque la sanction devient arbitraire, la réaction des victimes le devient aussi. Et dans ce face-à-face, c’est toujours la paix publique qui finit par s’effriter.
Un appel à la responsabilité et à la vigilance
La liberté d’association, d’opinion et de participation politique ne sont pas des privilèges octroyés par le pouvoir, mais des droits constitutionnels.
En suspendant sans fondement 13 formations politiques d’opposition, le gouvernement envoie un signal inquiétant d’intolérance politique et de dérive autoritaire contraire aux engagements démocratiques de la République Démocratique du Congo.
Il appartient désormais à la société civile, aux médias indépendants et aux partenaires internationaux de rester vigilants et de rappeler aux dirigeants congolais que gouverner, ce n’est pas réduire au silence, mais garantir la parole à tous. Félix Tshisekedi lui-même est politiquement né d’une contradiction politique entre la dictateur Mobutu et l’UDPS, le parti de son père Etienne Tshisekedi.