La ministre Bandubola dans le collimateur des acteurs de l’industrie

Congo Nouveau
6 Min Read

La tension monte dans l’industrie pétrolière où de nombreuses accusations pèsent sur l’équipe dirigée par Mme Acacia Bandubola, ministre d’État des Hydrocarbures.

Il lui est reproché, entre autres, la nomination controversée d’Herman Mbonyo à un poste clé et les méthodes mises en place.

« L’arrivée de Madame Acacia Bandubola à la tête du ministère d’État des Hydrocarbures a fait naître de nombreux signaux d’alarme, menaçant la gouvernance du secteur pétrolier ainsi que l’image et la sécurité nationale de la RDC », indique un groupe d’opérateurs pétroliers dans une lettre adressée aux autorités congolaises.

Il s’agit d’un véritable réquisitoire moutonne par les professionnels dudit secteur, denonçant une corruption profondément ancrée dans le secteur des Hydrocarbures. Ils décrivent le ministère comme un véritable “marché” où l’approbation des dossiers est systématiquement conditionnée au versement de pots-de-vin.

« Une telle situation contredit les principes de transparence, d’éthique et d’intégrité morale qui devraient prévaloir à ce niveau de responsabilité », affirment les signataires de ce document.
Ce n’est pas tout. Dans leur missive, les signataires ecoquent ” des liens présumés avec des groupes douteux et les implications potentielles pour la sécurité nationale qui en découlent, suite à une récente rencontre entre Bandubola et des hommes d’affaires somaliens, malgré les avertissements provenant de l’ANR et des ministères des Affaires étrangères et de l’Intérieur. Ces individus sont suspectés d’appartenir au mouvement terroriste Al-Shebab, représentant ainsi un danger pour la sécurité du pays”.

Les acteurs du secteur pétrolier se questionnent sur la présence d’Herman Mbonyo en tant que Directeur de cabinet au sein de l’équipe de Bandubola.

” Mbonyo a récemment été appréhendé et interrogé par les services de renseignement après avoir convié des ressortissants somaliens, soupçonnés d’être impliqués dans un réseau terroriste, à des activités prétendument liées au pétrole”, souligne-t-on.

Selon eux, la présence de Mbonyo, ancien directeur général controversé de la Société nationale des assurances (Sonas), aujourd’hui directeur de cabinet aux Hydrocarbures, soulève de nombreuses interrogations.
Suite à son interpellation par les services de sécurité, plusieurs témoins commencent à fournir des informations révélatrices et des sources internes au cabinet des Hydrocarbures rapportent qu’à chaque réunion, Mbonyo exigerait des paiements des investisseurs.

« Il ne se soucie guère des aspects techniques; son unique objectif est de s’enrichir rapidement», confie un professionnel du secteur. Mbonyo est fortement critiqué pour ses pratiques de concussion, demandant des paiements inappropriés de 5 dollars par tonne pour le creux. Ce terme, utilisé principalement dans la logistique des produits pétroliers, désigne un calcul de facturation relatif à la capacité inutilisée ou à un volume minimum garanti.

« Avec Mbonyo, tout pétrolier arrivant en quatrième, sixième ou même dixième position au port de Banana peut être le premier à obtenir l’autorisation de livrer son produit, tant que l’armateur accepte de verser 5 dollars par tonne au Dircab », dénonce un opérateur.

Par ailleurs, Mbonyo est soupçonné de diriger les investisseurs vers le cabinet de son épouse, avocate à Kinshasa, ce qui soulève de sérieuses préoccupations quant à un éventuel conflit d’intérêts.

Antécédents judiciaires et disciplinaires

Herman Mbonyo a été condamné et incarcéré à Makala en 2009 pour détournement de fonds publics à la Sonas. En 2018, il a été impliqué dans un nouveau scandale en Algérie, cherchant à minimiser les primes des athlètes congolais lors des Jeux d’Alger. Suite à cet échec, il a quitté le pays discrètement, abandonnant les athlètes. Sa loyauté a été remise en cause, et ses pratiques douteuses lui ont coûté son poste de secrétaire général du Comité olympique congolais.

Ancien candidat à la gouvernance de Kinshasa en 2019, son nom a, de nouveau, été associé à un détournement de fonds dans une banque locale, entraînant une recherche à son encontre. Depuis lors, il était introuvable dans le pays.

Après une longue absence, Mbonyo a refait surface lors de la Coupe d’Afrique des Nations 2023 en Côte d’Ivoire, où il a été impliqué dans une nouvelle controverse liée aux paiements de bus à la suite d’une forte contestation de la gestion d’une agence à Abidjan.

C’est à un récidiviste que la ministre des Hydrocarbures Bandubola aurait confié la direction de son cabinet.

Les opérateurs pétroliers estiment que la gestion actuelle des Hydrocarbures sous Bandubola risque de provoquer de graves conséquences pour le pays. Ils soutiennent que la gouvernance, la crédibilité internationale, la sécurité nationale et la stabilité de l’approvisionnement énergétique sont menacées.
Ils sont convaincus que le secteur pétrolier, considéré comme stratégique pour l’économie nationale, souffre d’un désordre chez les régulateurs et les organes de concertation, d’une gestion opaque des dossiers, entachée par des pratiques de corruption généralisées, ainsi que d’un affaiblissement de l’autorité de l’État, des éléments nuisibles à l’image de la République, démoralisant pour les investisseurs et générant de la méfiance parmi les entrepreneurs et autres partenaires.

Congo Nouveau

Share This Article
Leave a Comment

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *