Shadary parle d’une « vaste blague »
Comme il fallait s’y attendre, la Haute Cour militaire a rendu son arrêt hier, mardi 30 septembre 2025, après près de quatre heures de prononcé du jugement. L’ancien chef de l’État était absent de ce procès puisqu’il est en exil depuis plus de deux ans. Joseph Kabila était notamment poursuivi pour « crimes de guerre », « trahison » et « organisation d’un mouvement insurrectionnel » pour ses liens présumés avec le mouvement politico-militaire AFC/M23.
Pour l’accusation, Joseph Kabila, 54 ans, était l’un des initiateurs de l’Alliance Fleuve Congo (AFC), branche politique du M23. La peine de mort avait été requise.
L’ancien président a été reconnu coupable de complicité avec le groupe armé antigouvernemental soutenu par le Rwanda. Ce verdict est historique pour la RDC, car Joseph Kabila, coupable de tous les chefs d’accusation, est le premier président congolais à être condamné par une juridiction militaire.
Kabila qualifié de « chef de la coalition AFC/M23 »
Pendant près de quatre heures, les juges de la Haute Cour militaire ont motivé leur décision. Ils sont longuement revenus sur toutes les étapes de cette instruction, la levée des immunités devant le Senat pour Joseph Kabila, mais aussi les réquisitoires du ministère public et les plaidoiries des parties civiles, explique la correspondante de RFI à Kinshasa, Paulina Zidi.
La juridiction a ensuite abordé l’ensemble des accusations retenues contre Joseph Kabila et détaillé la chronologie de cette crise avec le M23. La Cour affirme que « Joseph Kabila est le chef de la coalition AFC/M23 ». Durant l’audience, avant même l’énoncé du verdict, elle a prévenu que l’ancien président « sera condamné à une lourde peine et son arrestation immédiate demandée ».
La Haute Cour militaire condamne aussi l’ancien président à verser d’importants dommages et intérêts : plus de 33 milliards de dollars pour l’État congolais, les provinces du Nord et du Sud-Kivu et des associations d’aide aux victimes. Une procédure dénoncée par le camp de l’ancien président. Pour Emmanuel Shadary, le secrétaire permanent de son parti le PPRD, c’est une « vaste blague. Nous avons toujours dit qu’il s’agit d’un procès politique », a-t-il affirmé après le verdict.
Pour le Front commun pour le Congo (FCC), la condamnation qui, au terme d’une procédure illégale de bout en bout, vient d’être prononcée contre son Autorité Morale ce jour, n’est pas seulement celle d’un homme, ancien Président de la République soit-il. C’est aussi et surtout celle de l’Etat de droit et de toutes les conquêtes démocratiques obtenues de haute lutte par notre peuple depuis bientôt deux décennies”, déclare ce regroupement politique.
CN