Kabila assure une remontada diplomatique face à Fatshi
Sans parcourir les salons diplomatiques huppés à travers le monde, l’ancien président congolais assure une « remontada » diplomatique depuis Harare, au Zimbabwe, où il s’est exilé. Condamné à la peine de mort par contumace sans un avocat pour le défendre, l’ex-Raïs reçoit le soutien de la Belgique, de l’Allemagne et de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO). Berlin affirme s’être toujours opposé à la peine de mort quelle que soit la personne condamnée.
A Bruxelles, les réactions se multiplient après la condamnation à mort de Joseph Kabila par la Haute Cour militaire. Après l’Allemagne et la CENCO, le ministre belge des Affaires étrangères, Maxime Prévot a exprimé ses préoccupations quant à la qualité de la procédure ayant conduit à la fois au procès ainsi qu’à son verdict. « […] Lorsque je vois le résultat du procès contre l’ex-président Kabila, qui a été condamné à mort à la suite d’un procès dont on peut s’interroger sur la qualité de la procédure, c’est un message que je devrais certainement rappeler [nécessité d’organiser un dialogue national pour décrisper l’atmosphère vis-à-vis de l’opposition républicaine, Ndlr] », avait déclaré le 1er octobre, Maxime Prévot devant le Parlement belge.
Au-delà de ce procès qui installe un doute, le chef de la diplomatie belge s’est aussi montré préoccupé par le recours à la peine de mort, une pratique que la Belgique, fidèle à ses engagements en matière de droits humains, condamne fermement. « J’insisterai à nouveau sur le fait que la Belgique a, de longues dates, eu pour habitude de dénoncer la peine de mort et d’œuvrer sur la scène diplomatique international pour que la peine de mort ne soit plus jamais prononcée à l’égard de quiconque », avait-il ajouté.
Avec des pressions de plus en plus montantes sur le président Félix Tshisekedi, Joseph Kabila se trouve des défenseurs à l’échelle internationale sans traverser la méditerranée, ni voyager outre-Atlantique pour frapper à la porte de Washington.
Dans les couloirs du PPRD, l’espoir reste permis. Certains cadres pensent que le président Félix Tshisekedi devrait accepter un dialogue inclusif qui résoudrait profondément l’actuelle crise sécuritaire. « Cette peine de mort va servir à quoi ? Les Etats-Unis renvoient le gouvernement au pays pour trouver la solution sur le plan national », déclare le secrétaire permanent adjoint du PPRD, Ferdinand Kambere. Selon lui, Joseph Kabila portera ce dossier de condamnation auprès des instances internationales. « Si eux-mêmes [le pouvoir en place] n’amènent pas ce dossier en cassation, cette condamnation va se retourner contre eux », a-t-il ajouté sur les ondes de Top Congo FM.
La Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) s’est dite « horrifiée » par la peine de mort infligée à Joseph Kabila. Dans une déclaration signée par son président Monseigneur Fulgence Muteba, et rendue publique le 6 octobre 2025, ces évêques catholiques ont dénoncé un verdict contraire à la dignité humaine et aux valeurs chrétiennes. « Nous sommes horrifiés par le verdict de la Haute Cour militaire de Kinshasa, à l’issue du procès pénal expéditif engagé contre le président honoraire Joseph Kabila, le condamnant à la peine de mort », ont-ils déclaré. Ces prélats rappellent que la levée du moratoire sur la peine de mort, décidée en mars 2024 par le ministère de la Justice, allait déjà à l’encontre des engagements pris par la RDC en faveur de la défense de la vie. Tout en saluant les efforts des belligérants, des institutions du pays ainsi que des partenaires internationaux dans la promotion des solutions durables pour ramener la paix et la sécurité dans les zones sinistrées par le fait de guerre et des groupes armés étrangers et locaux, la CENCO insiste sur la tenue d’un dialogue national inclusif. « Nous sommes persuadés que ces efforts seront infructueux tant que les acteurs politiques congolais ne s’engageront pas résolument et concrètement dans un dialogue inclusif, et ne respecteront pas, au préalable, les Accords déjà signés, ne serait-ce que pour accroître la confiance des uns et des autres », note la CENCO.