Katumbi bloqué, démocratie et droits de l’homme en recul
La semaine qui commence, la dernière pour la campagne électorale, est particulièrement éprouvante pour le candidat Moïse Katumbi qui fait face à des entraves de tous genres à travers le pays. De Moanda, Boma et Matadi au Kongo Central, à Béni, Butembo et Oicha au Nord-Kivu en passant par Kananga dans le Kasaï Central, le candidat n°3 est l’objet d’actes tendant soit à freiner son élan monstre sur terrain, soit à détourner l’attention des électeurs.
Cette journée de mardi 12 décembre aura été symptomatique de la dérive démocratique dont se rend chaque jour coupable le pouvoir en place.
Ce qui est grave c’est que tout se passe quelque deux jours seulement après la célébration, à travers le monde, de la déclaration universelle des droits de l’homme.
Ce genre de situations affectent gravement l’image du pays, justifiant ainsi l’interventionnisme de certaines puissances occidentales pour mettre les Congolais aux pas.
Pas plus tard que ce lundi, Washington prévenait que ses services mettaient la RDC sous surveillance de son processus électoral, et le pouvoir en place n’a pas perdu du temps pour lui en donner de très bonnes raisons.
En multipliant autant d’obstacles sur le parcours de Katumbi, sans oublier le meurtre d’un cadre de son parti à Kindu à la deuxième semaine de la campagne électorale, les tshisekedistes croient maladroitement servir la cause de leur candidat alors qu’au contraire, ils apportent l’eau au moulin de Katumbi qui se voit ainsi propulser dans l’estime du public.
D’une part, en effet, les actes d’entrave à la campagne de Katumbi ne contribuent qu’à attirer plus d’attention sur lui plutôt que le faire haïr.
La psychologie sociale renseigne, en effet, que la population a systématique tendance à porter son estime sur une personne opprimée, et des fois même lorsqu’il s’agit d’un malfrat.
Le cas d’espèce est d’autant plus patent que les brimades contre Katumbi se documentent dans des provinces traditionnellement acquises à l’opposition depuis les trois précédents cycles électoraux. C’est le cas du Kongo Central où Joseph Kabila, alors au pouvoir, avait réalisé seulement 15% face à Étienne Tshisekedi.
C’est pourtant dans cette même province que le pouvoir actuel multiplie des stratagèmes pour empêcher le déploiement de la caravane électorale de Moïse Katumbi. En effet, alors qu’il devait quitter l’hôtel Ledya mardi matin pour poursuivre sa campagne électorale, Katumbi a vu l’allée de sortie dudit hôtel bloquer pendant au moins deux heures par une jeep attribuée au Resto (patron local de l’ANR).
Après avoir réussi à en sortir, Moïse Katumbi est allé subir un véritable parcours du combattant à Boma. Ici son meeting a tout simplement été interdit par le Maire de la ville qui s’est investi personnellement pour décourager la population de s’y rendre.
Des messages ont été lancés nuitamment par mégaphones dans les avenues de la ville pour dissuader la population d’accueillir le candidat n° 3. L’installation du podium a été interdite et un match de football a été improvisé au stade où devait se tenir le meeting.
Moïse Katumbi a quand même sillonné les mêmes avenues de la ville, drainant derrière lui une foule impressionnante qui s’est massée devant lui au détour d’une allée où il a finalement tenu son meeting.
Cette journée s’est terminé dans un bain de sang à Moanda où le meeting de Katumbi a été dispersé à coups de pierres et de tirs à l’arme de guerre.
Des actes similaires d’intolérance ont été observés à Kananga lundi dernier à l’arrivée de Delly Sesanga. Désormais allié de Moïse Katumbi, celui-ci est arrivée dans cette ville pour préparer arrivée de son candidat, mais il a essuyé des jets de pierre à sa sortie de l’aéroport.
Dans le Nord-Kivu ce sont les banderoles et autres affiches de Katumbi qui ont été détruites à Beni, Butembo et Oicha depuis la nuit de dimanche à lundi dernier à l’annonce du passage du candidat Tshisekedi.
CN
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