Immigration – Identité Nationale – Frontières
L’un des grands facteurs négatifs catalyseurs de l’instabilité politique et sécuritaire de la République Démocratique du Congo est le manque des politiques sévères, modernes et appropriées visant à apporter des solutions durables pour l’intérêt
général de la population.
La RDC, forte de ses 65 ans de souveraineté internationale et de son parcours socio-politique suffisamment dynamique, quoiqu’entaché des
hauts et des bas motivés par des intérêts politiciens des uns et des autres, ne s’est toujours pas dotée des capacités technologiques, législatives et sécuritaires conséquentes pouvant lui permettre de contrôler et de gérer efficacement ses services
rattachés à l’actuel Ministère de l’Intérieur.
Cette faiblesse qui profite aux ennemis de la République a engendré un bon nombre de maux dont l’infiltration, le banditisme urbain, la délinquance sociale et l’immoralité, l’impunité, la culture de l’inutile, le manque des valeurs civiques et du sens du l’honneur, l’affairisme politique (rébellion et clientélisme politique, traîtrise).
Ces anti-valeurs combattent et détruisent indirectement, dans leur essence, tous les efforts d’amélioration des conditions des vies des congolais ainsi que l’autorité et la souveraineté de l’Etat.
Le bouturage des groupes armés et rebellions, la recrudescence des massacres sauvages des pauvres populations locales doublée de la délinquance politique sont la conséquence logique du désordre institutionnalisé dont nous sommes aujourd’hui quelque part, à la fois, complices/acteurs et victimes. Il est donc temps de faire mieux, ou, carrément, de faire les choses autrement.
La refondation de la République demeure l’unique solution durable en vue d’un recalibrage institutionnel approprié qui mette l’Etat au centre de
tous les intérêts et qui certainement permettra à la nouvelle République de se doter des moyens nécessaires et adéquats pour asseoir les fondements de base solides et puissants d’un nouveau système de prévention, de contrôle et de gestion de l’arsenal sécuritaire national.
Suivant la reconfiguration et réforme proposée du grand Ministère de l’Intérieur, Décentralisation et Affaires coutumières, le Ministère de l’Intérieur et de
la Citoyenneté aura un rôle fondamental à jouer dans la prochaine République.
C’est donc dans ce cadre que s’inscrit la deuxième partie de notre réflexion conceptuelle qui, de fait, cristallisera la proposition idéelle des reformes mentionnées dans notre publication précédente.
Urgence de la refondation systémique pour une sécurité intérieure efficace
Il n’est pas du tout normal qu’un pays aussi important du point de vue géologique,
géostratégique, géopolitique et culturel que la RDC, soit étouffé et réduit à une catastrophe structurelle et institutionnelle telle que nous l’observons tous aujourd’hui.
L’identité congolaise est presque devenue une honte, un fonds de commerce, à tel enseigne que la majorité de la diaspora congolaise est aujourd’hui constituée de compatriotes qui se sont transformés en réfugiés économiques et en ‘pseudo réfugiés
politiques’ pour certains.
La plupart des congolais n’ont plus confiance en leur propre pays et aux institutions établies qui le constituent. Ils s’évertuent à ternir l’image de
l’Etat (et profaner l’image de l’institution Président de la République) à travers les réseaux sociaux et ce dernier semble impuissant et parait avoir abdiqué ses responsabilités naturelles et institutionnelles, voire dépassé par la dégradation des évènements.
Notre réflexion relève de la stratégie générale en vue d’une Sûreté et d’une Sécurité d’Etat modernes, capable et adaptée aux réalités multi-faciales, locales et internationales. Un pays en guerre, agressé, infiltré et autant menacé par les convoitises régionales et internationales, ne peut que prendre le courage de se doter d’un système de sécurité et de sûreté à la hauteur du danger auquel il est exposé.
Le Ministère de l’Intérieur et de la Citoyenneté sera beaucoup plus administratif que politique et sécuritaire. Ce Ministère aura en charge la gestion et le contrôle de la migration interne des populations, de l’immigration et des affaires civiles. En tant
qu’organe en charge des affaires civiles, il est celui qui délivrera les pièces d’identification nationale et d’actes civiles (Carte d’Identité, Passeport, Certificat ou Acte de naissance et de décès, Certificat ou Acte de mariage, Permis d’inhumer, le
Registre national de l’état civil, etc). De par son contrôle de l’immigration, il sera en charge de la délivrance des visas ainsi des permis de séjour en sol congolais.
Dans son action de contrôle de la migration, il sera également en charge du recensement de la population et de la capture et identification des résidences physiques de la population.
Nouvelle identification nationale, socle d’une citoyenneté retrouvée
Les mécanismes de la mise en application de la nouvelle politique de gestion des frontières ainsi que d’identification des populations des milieux frontaliers, en particulier, doit absolument être conduite par les valeurs patriotiques et nationalistes
afin de contrer toute tentative avenir d’infiltration et de confusion ciblée motivées par des fins criminelles.
La nationalité congolaise doit être valorisée, sacralisée et protégée. Elle devrait être immédiatement déchue en cas de traîtrise et/ou d’attente à la sûreté et à la sécurité d’Etat. Il faut à tout prix mettre en place des mécanismes
législatives sévères et indéniables contre toute tentative de rébellion pour des raisons
politiciennes et contre toute traîtrise et/ou attente à la sûreté et sécurité de l’Etat. En démocratie, on ne prend pas les armes contre l’Ordre institutionnel et constitutionnel établi ; on ne pactise pas avec l’ennemi, les agresseurs pour quelle que raison que ce soit, on ne trahit pas sa patrie et sa nation. Nous devons être extrêmement sévères envers nous-mêmes et très jaloux de notre pays.
La vérité est que ce genre de comportement sécessionniste et non patriotique ne peut ni être totalement soutenu ni être encouragé par de vrais fils et filles du pays. Cette problématique identitaire est assez sensible dans notre pays. Il faut verrouiller les cordes sensibles de notre citoyenneté pour prévenir d’éventuels dérapages et, en même temps, sécuriser la nationalité congolaise.
Cette réflexion conceptuelle répond donc à la problématique triphasée qui caractérise l’un des défis majeurs auquel la République fait face : l’infiltration des groupes armés et agent étrangers, les frontières poreuses et la corruption aux postes de contrôle, et enfin, la fraude identitaire massive due à l’absence d’un registre national d’état civil
fiable.
Solutions durables et stratégiques
Les solutions stratégiques qui découleront de la reforme que nous proposons s’articulent comme suit :
• Registre nationale biométrique sécurisé : ce nouveau Ministère s’occupera de :
1) la conception et la délivrance d’une carte d’identité biométrique unique et
sécurisée et de passeport aux normes internationales ;
2) de la centrale nationale de base des données de l’état civil qui sera interconnectée avec la DGM, la CENI, la Police et les services de l’état civil (Service de la Citoyenneté).
• Renforcement du contrôle de l’immigration :
1) mise en place d’un système numérique pour visa et permis de séjour ;
2) création ou détachement d’une unité spéciale de Migration-Sécurité strictement attache au Ministère de l’Intérieur.
• Surveillance moderne des frontières et de l’espace aérien national : mise en place des postes biométriques, drones et cameras à tous les points d’entrée et sortie terrestres ; création des centres de surveillance relevant de l’unité spéciale mentionnée ci-haut.
• Lutte contre la fraude identitaire et autres : instaurer des mécanismes de sanction rapide et sévère de tout agent ou toute personne qui serait complice ou impliquée de quelle que façon que ce soit dans des crimes contre la Sécurité et la sûreté Nationale.
Résultats.
Avec cette réforme qui renforce davantage l’autorité de l’Etat dans le cadre du contrôle de sa population et du flux migratoire sur tout le territoire congolais et qui le protège contre des dérives et faiblesses dont tous, (du moins les patriotes congolais comme nous), déplorons la gangrène actuelle, nous atteindrons certainement le renforcement de la sûreté et sécurité intérieure du pays.
Ce renforcement constituera une base solide de la consolidation de l’autorité de l’Etat et de la souveraineté de notre pays. Cette réforme assure la protection de l’identité nationale congolaise notamment par la fin de la fraude identitaire et, ainsi, l’établissement d’une identité nationale sécurisée et protégée, des frontières sécurisées et traçables et d’une souveraineté et confiance citoyenne renforcées.
Il reviendra au Ministère de l’Intérieur et de la Citoyenneté de sécuriser la République au niveau intérieur. Ce rôle combien important sera exercé dans le stricte respect de l’esprit et de la lettre de la prochaine loi fondamentale de la République, avec le concours de tous les congolais. Ce doit donc être l’affaire de tous.
Fred Nyembue
Facilitateur International d’Affaires
Consultant indépendant en Sécurité d’Etat
Correspondant (SADC) – Journal Congo Nouveau