La société d’entreprise et d’investissement (SA) associée minoritaire de l’État congolais au sein de la Minière de Bakwanga (MIBA SA) est marginalisé en toute violation des procédures en la matière. C’est le président du Conseil d’administration (PCA) de la MIBA, Jean-Charles Okoto Lolakombe, qui est mis au banc des accusés. L’homme empiète sur les attributions de la ministre du Portefeuille. Mais pas seulement ! Il essaie – sans craintes – d’embarquer le chef de l’État, Félix Tshisekedi, dans ses violations des règles.
Pourtant, le tribunal de commerce de Kinshasa/Gombe a notifié le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, le 25 mars 2024, de l’ordonnance n°021/2024 accordant l’exequatur, autrement dit l’autorisation judiciaire d’exécuter un jugement étranger rendu par le tribunal de l’entreprise francophone de Bruxelles portant dissolution judiciaire de la société SIBEKA dont ses parts sociales à la MIBA ont été vendues à Mwan’Africa. Ce dernier, à son tour, les a revendues au groupe ASA.
En clair, ce qui revenait de droit à SIBEKA puis Mwan’Africa appartient depuis à la firme chinoise ASA. Curieusement, le PCA Jean-Charles Okoto a ordonné que soient chassés sans autre forme de procès, les administrateurs représentant le groupe ASA. Un scandale dans le scandale.
Pour rappel, la société Mwana Africa avait racheté des belges de la SIBEKA leurs 20% des parts sociales de la MIBA. Le deal chiffré à plus de 55 millions USD à l’époque où le ministère du Portefeuille était dirigé par Marie-Louise Munga n’a jamais fait l’objet de contestation.
Plusieurs années plus tard, la succession de Kalala Mpunga, PDG de Mwana Africa, vendra en bonne et due forme, et là aussi sans aucune contestation, ces 20% des parts sociales de la MIBA aux Chinois du groupe ASA.
Okoto-Kabanda s’oppose à ASA
En décembre 2023, l’actionnaire minoritaire avait obtenu du chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, la nomination par l’ordonnance présidentielle n°23/216 du 10 décembre 2023, en correction de l’ordonnance présidentielle de juin 2023 nommant Hubert Kazadi Mabika DGA de la MIBA, la nomination de son représentant à ce poste, le Chinois Niu Haoran et de deux administrateurs. Le DG André Kabanda et le PCA Jean-Charles Okoto n’ont pas été bougés de leurs postes.
Aussitôt installés, les nouveaux administrateurs se sont opposés à la tentative de vente de gré à gré par le DG et le PCA d’un colis de diamant au prix sous-évalué de 800 000 USD. Ce colis a fini par être vendu, grâce à leur vigilance et à l’intervention de la ministre des Mines, à 1. 250 000 USD, soit un gain de 425 000 USD. Pas peu pour une société qui a tant besoin de moyens financiers pour sa relance.
Dès lors, le PCA et le DG s’engagent dans une guerre contre les représentants de l’actionnaire minoritaire dont ils ont bloqué l’installation pendant plusieurs semaines.
Les rapports compliqués entre les représentants de l’Etat congolais, actionnaire majoritaire et ceux de ASA, actionnaire minoritaire ont atteint la phase du non retour quand le groupe ASA a dénoncé un contrat leonin de prêt de 50 millions USD signé par la MIBA sans autorisation du ministère du Portefeuille, avec une société dénommée « Centre Ville », dépourvue d’adresse en République démocratique du Congo. Ce qui ressemble clairement à un blanchiment des capitaux.
Dos au mur, le couple Okoto-Kabanda menacera de brandir le dossier de la dissolution de la SIBEKA pour chasser les encombrants représentants du groupe ASA. Alertée, la Présidence de la République leur fera savoir qu’avant sa dissolution, la SIBEKA avait déjà vendu toutes ses parts à Mwana Africa, qui les a revendues par la suite à ASA. De ce fait, SIBEKA n’est plus liée à la MIBA. Mais c’est par contre le groupe ASA.
C’est dans ce contexte que lors d’une séance de travail de la commission mixte mise en place par la ministre du Portefeuille pour clarifier la situation de la MIBA, Okoto et son acolyte ont été humiliés et réduits à leur plus petite expression après que le groupe ASA ait présenté les documents qui prouvent la régularisation, conformément aux lois belges, les parts lui vendues par SIBEKA. Heureusement que le ridicule ne tue pas. Cette opération est reprise dans le registre officiel de la Belgique.
Réplique du groupe ASA
Mais pour Okoto, qui tient coûte que coûte à se refaire une santé financière en puisant sur les finances de « Gecamines du Kasaï » après avoir vendu certaines de ses propriétés pour tenter d’obtenir un siège de député national à Lodja (il a échoué lamentablement comme en 2011), il fallait alors se débarrasser du groupe ASA. A cet effet, il s’est substitué au ministre du Portefeuille pour demander et obtenir du Tribunal de commerce de Kinshasa-Gombe une ordonnance inique confirmant la dissolution de la SIBEKA et par ricochet l’annulation de l’ordonnance présidentielle nommant les représentants du groupe ASA à la MIBA. Quel culot pour ce PCA !
Mais aussitôt, le groupe ASA a saisi par voie de correspondance la ministre d’État au Portefeuille, Adèle Kayinda, pour solliciter des dispositions administratives aux fins de mettre hors d’état de nuire le sulfureux Okoto et son acolyte de DG.
Un appel a rapidement été interjeté à la Cour d’appel de Kinshasa-Gombe. On parle également d’une plainte contre les juges du Tribunal de commerce visiblement corrompus pour prendre cette ordonnance inique qui confirme la constatation du chef de l’État, Félix Tshisekedi, selon laquelle la justice congolaise est malade.
Par ailleurs, en remuant terre et ciel pour se débarrasser de l’actionnaire minoritaire, Okoto et Kabanda veulent signer l’arrêt de mort définitive de la MIBA. Ce, car le groupe ASA soutient le plan de relance de la MIBA conçu par le COPIREP et tient à un investissement sérieux là où le candidat malheureux à la députation nationale à Lodja ne pense qu’à des prêts pour bouffer les rétro commissions.
Bien plus, le PCA et le DG se seraient montrés sages s’ils avaient pris le temps d’approcher ne serait-ce que par élégance, les deux liquidateurs désignés après la dissolution de la SIBEKA, Blaise Mady et Serge Salenbien, pour se renseigner sur la vente des parts à Mwana Africa puis plus tard au groupe ASA.
En refusant de s’informer, Jean-Charles Okoto s’est attiré de la honte et a intentionnellement voulu mêler le chef de l’État dans ses bêtises.
Visiblement, le germe de la mauvaise gouvernance semble être enraciné dans l’ADN de Jean-Charles Okoto Lolakombe. Il y a lieu de rappeler que l’homme avait été chassé de la MIBA en 2002 après avoir été épinglé par le rapport des enquêteurs chargés par le Conseil des Nations unies d’investiguer sur le pillage des ressources naturelles en RDC. Ce Kabiliste qui n’a pas pu supporter le chômage, ne semble retourner à la MIBA que pour une prédation financière.
Après un an d’enquête, la section « blanchiment » de la police fédérale belge en est arrivé à la conclusion qu’au moment de quitter le poste de DG de la MIBA, il aurait détourné 80 millions de dollars américains, qui aurait abouti à Bruxelles sur un compte ouvert à la Belgolaise.
La justice belge soupçonnait Okoto également d’avoir commandité l’enlèvement et la séquestration à Bruxelles, du numéro deux de la MIBA de l’époque et d’être lié à l’enlèvement de l’ancien commissaire européen et ex-président du Conseil d’administration de la Société générale de Belgique qui avait une participation à la MIBA. Un véritable monstre dont devraient par prudence se méfier les administrateurs du groupe ASA.
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