L’action de la Première ministre en matière sécuritaire, économico-financière et sociale reste en dessous des attentes de la population congolaise qui, pourtant, avait salué la nomination d’une femme à la tête du gouvernement pour la première fois dans l’histoire du Congo.    

Nommée par le président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, le 1er avril 2024, Judith Suminwa Tuluka, 56 ans, est la première femme à diriger le gouvernement en République Démocratique du Congo. Elle a succède au Premier ministre Jean-Michel Sama LukondeKyenge dont elle était ministre du Plan dans son gouvernement. 

On se souvient que deux mois après sa nimination, ce jour-là, notamment dans la nuit de mardi à mercredi 12 juin 2024, le gouvernement de la Première ministre Judith Suminwa Tuluka, premier du second mandat du Président Félix Tshisekedi avait été investi. 

Au terme d’une plénière démarrée mardi à 13h, le gouvernement a été investi mercredi à 1h55’ par 397 députés sur les 405 députés présents dans la salle de congrès du palais du peuple. Seuls 8 députés s’étaient abstenus alors qu’aucun ne s’était  opposé. 

Ce jour-là, présentant son plan d’actions du gouvernement, Judith Suminwa Tuluka avait annoncé la création de 2,6 millions d’emplois.

Devant les députés nationaux, Suminwa avit présenté et défendu un programme gouvernemental qui «se chiffre à 92,9 milliards des dollars américains pour les cinq prochaines années et devra être totalement financé par des ressources étatiques et non étatiques, du pouvoir central et des provinces ainsi que des Entités territoriales décentralisées », selon ses propres dires. 

Suminwa s’était engagée à «développer des réseaux de communication et d’accès à internet en vue de favoriser l’inclusion numérique et le développement de l’économie numérique dans tous les aspects de la vie nationale».

Il faut reconnaitre aujourd’hui que cette promesse ne s’est pas accomplie comme voulue par la cheffe du gouvernement. Il y a juste quelques actions isolées dans la numérisation. Pour preuve, plusieurs services de l’Etat ne sont pas encore numérisés jusqu’à ce jour. 

C’est dans l’administration publique, à travers le ministère de la Fonction publique que quelques actions sont menées pour maitriser les effectifs et un annuaire des agents et fonctionnaires de l’Etat pour la ville de Kinshasa a été mis en place avec promesse de l’étendre dans les provinces. 

Pour faciliter l’accès à la justice, la Première ministre s’était engagée à « travailler à l’amélioration de l’appareil judiciaire ».

« Il y a quand même des ministres qui se distinguent parmi d’autres, notamment le ministre des Finances, le ministre de la Justice et le ministre de l’Intérieur. Les autres s’activent également, mais leurs actions ne sont pas encore visibles. Ces 100 jours nous laissent encore sur notre faim, nous empêchant de saisir la vision globale de ce gouvernement », a confié un élu de l’UDPS. 

Pour permettre aux plus démunis de bénéficier de la justice, « le Gouvernement mettra en place un fonds d’aide judiciaire en vue de faciliter l’accès à la justice pour les plus démunis et les personnes en situation de vulnérabilité ».

«Il poursuivra l’amélioration progressive des conditions salariales et de travail du personnel judiciaire et dynamisera le fonctionnement des chambres disciplinaires du Conseil Supérieur de la Magistrature», avait déclaré la cheffe du gouvernement. 

Un cadre de l’opposition la prend aux mots. « Quand on regarde la situation sociale de notre population, la détresse économique, l’absence d’infrastructures et la dégradation de celles qui existent, il est clair que le bilan est largement négatif. Le poisson pourrit par la tête », dit-on à l’opposition. 

Au moment où des groupes armés combattent dans l’Est congolais pour contrôler les ressources minières, Judith Suminwa avait prévenu que la « République démocratique du Congo se défendra, face à nos agresseurs, ainsi qu’à leurs complices, ceux qui massacrent tous les jours nos paisibles populations, qui décapitent nos enfants, nos frères, qui violent nos sœurs, nos mamans, qui pillent nos richesses ». Oui, tôt ou tard, «ils répondront de leur barbarie et de leurs crimes devant la justice», avait-elle dit. 

Mais aujourd’hui les agresseurs occupent toujours une grande partie de la province du Nord-Kivu. Son gouvernement à travers le ministère de la Justice à traduit le Rwanda en justice devant les instances de la Communauté des Etas d’Afrique de l’Est (EAC). A quoi s’attendre au terme de ce procès. 

Dans sa communication faite le vendredi 11 octobre 2024 lors de la 17ème réunion du Conseil des ministres, sur la situation de l’était de siège dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, le Président de la République a invité la Première ministre à engager à nouveau le gouvernement dans l’évaluation de la mise en œuvre complète des mesures d’assouplissement édictées et par conséquent assurer la scolarité aisée des enfants et créer un environnement favorable au développement économique et à l’entrepreneuriat en mettant en exergue les mesures d’assouplissement fiscal déjà prises consécutivement à l’option levée lors de la 7e réunion du conseil des ministres.

«Le Président de la République a rappelé le chemin parcouru depuis l’instauration de l’état de siège dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. Il aussi rappelé son message à la nation le 12 octobre 2023, où il s’était prononcé sur l’avenir de l’état de siège, en optant pour la mise en œuvre d’un dispositif transitoire graduel, au terme duquel ce régime exceptionnel devrait connaitre sa fin. 

Ce dispositif transitoire a-t-il insisté, consiste au rétablissement de l’autorité civile dans les entités territoriales décentralisées et déconcentrées, qui étaient déjà sécurisées et sous contrôle des Forces Armées de la République démocratique du Congo (FARDC)» indique l’extrait du compte rendu de la 17eme réunion du conseil des ministres tenue le vendredi 11 octobre 2024.

Et d’ajouter: « le Président de la République a invité la Première ministre à engager à nouveau le gouvernement dans l’évaluation de la mise en œuvre complète des mesures d’assouplissement édictées et par conséquent assurer la scolarité aisée des enfants et créer un environnement favorable au développement économique et à l’entrepreneuriat en mettant en exergue les mesures d’assouplissement fiscal déjà prises consécutivement à l’option levée lors de la 7e réunion du conseil des ministres tenue le 26 juillet 2024 de soutenir les entreprises opérant dans les provinces sous état de siège ». 

C’est dire qu’il y a encore beaucoup à faire dans le domaine sécuritaire car les militaires rwandais occupent une partie de la RDC. L’opinion se souviendra que le Président Tshisekedi a dernièrement boycotté les travaux du XIX eme Sommet de la Francophonie tenu en France parce que le Président français Emmanuel Macron n’avait pas mentionné dans son discours d’ouverture de ce sommet l’agression de la RDC par le Rwanda. 

Sur le plan sécuritaire le bilan de Suminwa est mitigé à voir l’insécurité dans l’est du pays et à travers certaines villes. 

Dans cette perspective, l’opposition politique qualifie le bilan du gouvernement de « largement négatif ». Un cadre de la formation politique Ensemble pour la République, dirigée par Moïse Katumbi, estime que les autorités congolaises ne sont là que pour se partager des avantages, comme un butin de guerre, tandis que la population continue de souffrir.

« Quand on regarde la situation sociale de notre population, la détresse économique, l’absence d’infrastructures et la dégradation de celles qui existent, il est clair que le bilan est largement négatif. 

Le poisson pourrit par la tête », déclare-t-il.

Cette opinion est partagée par la Société civile qui déplore le fait qu’après cent jours de travail, il n’y ait toujours aucun signe d’amélioration du bien-être des Congolais, qualifiant ce gouvernement de « gouvernement de discours et de voyages ».

«Ce gouvernement s’est illustré par des discours, des promesses. 

Le seul bilan que nous ayons, ce sont des mots et une impuissance face aux défis diplomatiques, notamment concernant la guerre à l’Est. Il n’y a rien de concret à relever pour la population », regrette Jonas Tshiombela, coordonnateur de la Nouvelle société civile du Congo.

Pour une certaine opinion, ce gouvernement, le premier dirigé par une femme depuis l’indépendance de la RDC en 1960 pourrait se ressaisir malgré ce bilan des 100 jours jugé décevant. De nombreux Congolais continuent d’espérer que Judith Suminwa pourra faire mieux que ses prédécesseurs.

Le gouvernement totalise les jours où moment où le parti présidentiel, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), lance un débat public sur la révison de la constitution. Wait and see.

Mutuma Kuamba/CP

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