Félix Tshisekedi a salué mardi la déclaration de principes signée avec le Rwanda sous l’égide des États-Unis comme « un pas dans la bonne direction », assurant qu’il maintiendra son engagement à restaurer la paix dans son pays. Mais cet enthousiasme n’est-il pas précoce au regard de l’adversité que son homologue rwandais a toujours dégainé ? Un nouveau mariage est-il encore possible après la rupture intervenue suite à l’agression rwandaise en soutien au M23 ?

« C’est une déclaration de principes, c’est un pas dans la bonne direction, la direction que j’ai toujours souhaité imprimer dans mon pays », a déclaré le chef de l’État, lors d’une déclaration conjointe avec son homologue de Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embaló, en visite officielle à Kinshasa.

« Cet engagement, je l’ai pris devant mon peuple et je le tiendrai jusqu’au bout. Je ramènerai la paix véritable et définitive », a-t-il ajouté. « Après ce que vous êtes en train de voir, il n’y aura plus d’instabilité en RDC. C’est mon vœu et mon serment. »

Le président congolais s’est toutefois gardé d’entrer dans les détails, en précisant : « Je n’en dirai pas plus, vous comprendrez, parce qu’évidemment je respecte les initiatives prises par nos partenaires. Je vous donne rendez-vous le jour où cette paix deviendra réalité. »

Ses propos interviennent quelques jours après la signature, à Washington, d’une déclaration de principes entre les chefs de la diplomatie congolaise et rwandaise, sous la médiation américaine. Ce texte prévoit notamment la rédaction, d’ici le 2 mai, d’un avant-projet d’accord de paix commun, avec l’accompagnement de la Communauté d’Afrique de l’Est, de la SADC et de l’Union africaine.

Le document insiste sur le respect de la souveraineté, la cessation de tout soutien aux groupes armés, le retour des déplacés, ainsi que la relance de la coopération économique et le soutien à la mission onusienne (MONUSCO).

Mais certains Congolais voient dans l’intervention de Tshisekedi une volonté de remettre sur la table les accords économiques suspendus entre les deux pays. En effet, la République démocratique du Congo et le Rwanda avaient conclu, en 2021, trois accords commerciaux à l’issue d’un tête-à-tête entre les Présidents des deux pays à Goma, en terre congolaise. Le premier accord conclu portait sur la promotion et la protection des investissements entre les deux pays ; le second avait pour objet une convention entre les deux pays en vue d’éviter la double imposition et prévenir l’évasion fiscale en matière d’impôts sur le revenu, selon le communiqué final publié à l’issue du tête-à-tête entre les deux dirigeants.

Le troisième protocole d’accord concernait l’exploitation de l’or et impliquait la société congolaise aurifère (SAKIMA SA) ainsi que la société rwandaise DITHER LTD. Mais les trois accords ont été suspendus par Félix Tshisekedi après la résurgence du M23 soutenu par le Rwanda.

Pourtant, Félix Tshisekedi était optimiste sur ces accords, pensant que son homologue rwandais allait changer de loup en agneau suite à ces accords. Paul Kagame a hélas préservé dans les pillages des ressources naturelles congolaises profitant du chaos semé derrière le M23.

Tshisekedi pense à nouveau que les choses sont dans la bonne direction sans crainte de déchanter une fois de plus facile à un Kagame qui a du mal à maîtriser le vocabulaire de la paix.

Le week-end dernier, le président américain Donald Trump avait revendiqué un rôle personnel dans cette dynamique, affirmant que « la paix est en vue au Rwanda et au Congo ». Il a également annoncé un investissement de plus de six milliards de dollars dans le corridor de Lobito, destiné à faciliter l’exportation des minerais depuis l’Afrique centrale.

CN

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