Néo-député puis néo ministre, Constant Mutamba fait un début de fonctions tonitruant au Palais de la justice, en République démocratique du Congo (RDC). Après avoir fait une apparition peu commode le jour de la cérémonie de remise et reprise en débarquant avec son chien, le jeune Garde des Sceaux – 36 ans – surprend encore avec une demande des poursuites contre les homosexuels.
Dans une correspondance qui date du 15 juin, le nouveau ministre de la Justice et Garde des Sceaux a demandé au procureur général près la Cour de cassation d’engager des poursuites contre les auteurs des « pratiques déviantes à caractère sexuel et homosexuel.» Cette mesure concerne, selon lui, les « groupes d’individus bien organisés et qui, à travers les réseaux sociaux ou en présentiel, font l’apologie du sexe en groupe (partouze), de l’homosexualité (2x 2x) et toute autre forme des dérives sexuelles et morales ». Si la mesure des poursuites contre les LGBT peut enchanter les défenseurs des valeurs traditionnelles de l’humanité, son application par contre est de nul effet !
Pourtant juriste de formation, Constant Mutamba a décidé de boxer dans le vide, sans un sparring-partner juridique. Car, l’homosexualité n’est pas encore criminalisée en République démocratique du Congo. Il y a donc un vide juridique ! Ce que la loi n’interdit pas est, en quelque sorte, permis. Le code pénal congolais n’a pas encore traité des telles questions. D’aucuns d’ailleurs se demandent sur la base de quelle disposition légale le ministre fonde sa démarche pendant que l’homosexualité n’est pas réprimée en République démocratique du Congo. « C’est de l’arbitraire », conclut bonnement le défenseur des droits de l’homme, Jean-Claude Katende.
Dans une certaine mesure, le souci de Constant Mutamba est légitime. D’ailleurs, il avait l’idée de légiférer sur cette matière. S’il n’était pas catapulté au Palais de la Justice, il murissait déjà un projet de loi contre les dépravations de la société congolaise. Dans ses idées, il faisait observer qu’à l’ère de l’interconnexion des sociétés dans le contexte du village planétaire, la souveraineté culturelle de la République démocratique du Congo est mise à l’épreuve. La société fait face à une forme de néocolonialisme qui passe par la diffusion des pratiques culturelles non conformes aux valeurs coutumières.
Alors, pour mieux y faire face, le « Crocodile de Lubao » ne devrait pas mettre la charrue avant le bœuf. Il ne devrait pas boxer dans le vide sans un sparring-partner qui est une base légale pour fonder son action. Sinon, le patron des parquets, un rompu des textes, Firmin Mvonde, serait dans une situation embarrassante pour faire exécuter une telle instruction. Il lui faut une base légale !
CN/DC
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