Investis depuis près de deux semaines, les ministres qui font partie du gouvernement dirigé par Judith Suminwa Tuluka travaillent sans collaborateurs. Motif : ils attendent qu’on leur transmette les noms des personnes qui feront partie de leurs cabinets.
Les documents qui émanent jusque-là de différents ministères portent une signature particulière : « Cabinet du ministre ». Cette façon de faire les choses est imposée par instruction donnée aux ministres surtout ceux issus de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), d’attendre les listes des collaborateurs qui leur seront transmises par le parti.
« Même sous le régime du maréchal Mobutu où tout était contrôlé, on n’avait jamais vécu pareille pratique », se rappelle un acteur politique qui était conseiller dans un cabinet ministériel pendant la Deuxième République. Il ajoute que même le régime Kabila, les ministres avaient quand même une marge de manœuvre pour former leurs cabinets.
Rien attendre des ministres contrôlés !
Que peut-on attendre des ministres à qui on impose même les collaborateurs ? Sûrement pas grand chose, car leur rôle s’arrêtera à exécuter les ordres qui viendront de la hiérarchie de leurs formations politiques. Question : pourquoi le chef de l’État qui a promis de garantir la liberté d’expression peut-il tolérer que des ministres se fassent choisir des collaborateurs ? Pourquoi accepte-t-il ces vilaines pratiques qui n’honorent pas son régime ?
Lorsqu’un ministre est obligé de travailler avec des collaborateurs qu’il n’a pas choisis ne peut rien produire, car il n’aura aucun pouvoir sur des personnes qui lui sont imposées. Comment peut-on accepter de telles pratiques dans un pays qui se veut démocratique et qui doit faire face à d’énormes défis, notamment récupérer une bonne partie du territoire national occupée par les rebelles du M23, soutenus par le régime de Kigali.
La Première ministre prévenue
Le jour de l’investiture du gouvernement, une députée, Jeanette Kavira, sûrement bien inspirée, avait lancé la sonnette d’alarme en ces termes : « Madame la Première Ministre, si ton parti l’UDPS te fait pression dans l’exercice de tes fonctions, je te prie de démissionner ».
Si on doit envoyer des collaborateurs aux ministres, sûrement que la Première ministre, issue du parti présidentiel subira la même pression.
Charly KINGAKENE
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