Affaire RAM : les anciens collaborateurs de Sylvestre Ilunga Ilunkamba répondent à Félix Tshisekedi

Le dossier du Registre des Appareils Mobiles (RAM) a rythmé la campagne électorale qui a pris fin ce lundi 18 décembre 2023 à minuit. Le candidat Félix Tshisekedi a, à ce sujet, été plusieurs fois interpellés par la population qui réclamait des comptes sur cette opération restée dans la mémoire des congolais comme une escroquerie d’Etat.

De Moanda à Lisala et Bumba, par exemple, en passant par Boma et Matadi, la foule scandait des slogans évoquant ce triste moment de la vie nationale, mais sans suite particulière du Président-candidat qui faisait savoir tout simplement que c’est l’argent du RAM qui construit des universités.

Le Président Félix Tshisekedi s’est exprimé lundi 18 décembre 2023 au cours d’une émission de campagne électorale sur Top Congo pour donner sa version de l’affaire de la taxe RAM qui l’a poursuivi pendant toute sa campagne électorale. Le Président-candidat à sa propre succession a dégagé sa responsabilité pour charger le Gouvernement de Sylvestre Ilunga d’où était venu le dossier, selon lui.

Félix Tshisekedi a, en effet, affirmé que « le RAM avait été une maladresse parce mes instructions avaient été mal suivies ». Il a ajouté ensuite, en lingala mélangé au français, ce qui suit : « Quand j’avais reçu ce projet de RAM du Gouvernement du Premier ministre Ilunga, porté par un investisseur, j’avais clairement dit que je ne voulais pas que les frais soient prélevés sur les consommations des abonnés mais sur les opérateurs de téléphonie et c’est ce qui se fait aujourd’hui. Par la suite, je ne sais pas ce qui s’est passé. Nous étions distraits et nous avons appris des choses quand l’affaire était arrivée au Parlement. C’est alors que j’ai que puisqu’il en est ainsi on arrête (…) ».

Cette version des faits a provoqué une vive réaction dans les rangs d’anciens collaborateurs de l’ancien Premier ministre Sylvestre Ilunga. L’un d’entre eux parle  de distorsion des faits et s’indignent de cette sorte de « fuite de responsabilité » de la part du chef de l’Etat.

« Le chef de l’Etat a complètement tordu les faits pour chercher à dégager sa propre responsabilité et la rejeter sur d’autres, alors que tout le monde sait que les télécommunications, qui sont un secteur stratégique, relèvent directement de l’autorité du chef de l’Etat », déclare un ancien membre du cabinet Ilunkamba à la Primature. Qui ajoute qu’il « était impossible que ce dossier se traite ailleurs, puisque de ma mémoire, il n’est jamais passé à la Primature pour ne fût-ce qu’une information au Premier ministre ».

Sur son compte X, Félix Momat, ancien Vice-ministre du gouvernement Ilunkamba, a également réagi : « Le Gouvernement FCC – CACH que dirigeait de main de maitre Son Excellence Monsieur le Premier Ministre Ilunga Ilunkamba n’avait jamais soulevé, ni abordé, encore moins discuté la question du RAM ». Et d’ajouter encore : « Pire, cette question n’avait jamais été alignée à l’ordre du jour, même pas en esprit, pour un Conseil des ministres ». Puis de défier tout contradicteur éventuel : « Je mets au défi tous les anciens collègues membres du Gouvernement, ainsi que le SG du Gouvernement, de démontrer le contraire en opposant une preuve irréfutable ». Avant de lâcher, indigné : « Le sens de la République c’est aussi l’exercice de la vérité !!! ».

Pour un autre Conseiller à la Primature sous Ilunkamba : «  il ne sert à rien de chercher à tordre la vérité quand les acteurs de cette histoire sont tous vivants et certains continuent d’occuper les mêmes positions que lorsqu’ils géraient ce dossier du RAM ». Il rappelle, par ailleurs, que « ce dossier était géré directement par la Présidence de la République ». Et pour preuve, il rappelle que « lorsque le Ministre des PTNTIC se retrouve, avec les députés de l’Union sacrée, le Premier ministre Sama Lukonde et d’autres hauts cadres de l’Union sacrée, autour de Jean-Marc Kabund, qui coordonne alors l’Union Sacrée, celui-ci signifie clairement aux députés que le dossier du RAM est une affaire qui touche personnellement au Chef de l’Etat ».

Cette réunion avait pour but d’amener les députés de l’USN à sauver Augustin Kibassa qui venait d’être sérieusement malmené lors de la plénière ad hoc. Pour Jean-Marc Kabund donc, « si le ministre tombe, c’est le chef qui est exposé ».

Par ailleurs, au Secrétariat Général des PTNTIC, des cadres témoignent que « le dossier RAM était géré, en connexion directe avec la Présidence, par le Ministre des PTNTIC, Augustin Kibassa Maliba, et l’ARPTC qui est, du reste, rattachée au chef de l’Etat ». Ils précisent que « l’ARPTC avait même mis en place une direction ad hoc qui était gérée par un très proche parent du chef de l’Etat ».

Ici on rappelle aussi que parmi les partenaires clé au dossier RAM figure la société 5C Energy dirigée par Isabelle Kibassa, la sœur du Ministre et épouse du frère ainé du Chef de l’Etat.

Cette société détenait 25% sur les recettes du RAM selon le contrat signé avec le ministère des PTNITIC, alors qu’il ne venait d’être créée que le 28 novembre 2019. 5C Energy est citée dans plusieurs rapports sur le dossier, dont ceux de l’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP), comme étant la propriétaire du projet.

Pour rappel, du début à la fin de cette affaire du RAM au Parlement, personne n’a donné la moindre trace de ses recettes générées par cette taxe : ni à la DGI, ni à la DGRAD et moins encore sur l’un quelconque des comptes de l’Etat.

C.N

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