Moïse Katumbi Chapwe était, mardi matin, l’invité Afrique de Christophe Bois bouvier du RFI. Pour sa première sortie médiatique depuis le début de la campagne électorale, le candidat N° 3 a eu l’occasion de revenir sur les péripéties de cette campagne et de faire un certain nombre de mises au point sur des affirmations mises à sa charge comme son bilan à la tête du grand Katanga, notamment l’affaire de l’aéroport de Kolwezi, ou sa détention d’un passeport diplomatique zambien, etc.
Sécurité à l’Est : « Tshisekedi a oublié l’armée qui est mal payée »
D’entrée de jeu, l’entretien est engagé sur la question sécuritaire et Moïse Katumbi se montre très alerte en ciblant directement la responsabilité du chef de l’Etat dans la débâcle de la situation à l’Est. « Tshisekedi a oublié l’armée qui est très mal payée et qui n’est pas motivée. Si un militaire touche moins de 100$, on doit d’abord résoudre ce problème et équiper l’armée. Nous avons de bons militaires mais très mal payés et démotivés.
S’il est élu, il compte s’atteler à cette amélioration de la situation des militaire et même des fonctionnaires, des enseignants, etc., « parce que l’argent est là ». Il n’est pas normal, estime-t-il, qu’un député touche jusqu’à 25.000$ par mois quand un militaire a moins de 100$ et qu’on utilise des mercenaires qui touchent plus de 9.000$ par mois.
Paul Kagame dans le débat électoral : Au lieu de pleurnicher, s’organiser pour riposter
Quant à l’implication du Président rwandais Paul Kagame dans le débat électoral où Tshisekedi le traite de Hitler d’Afrique, Moïse Katumbi n’est pas allé du dos de la cuillère pour dire que « le plus important c’est d’avoir une bonne armée respectée, les pays voisins vont nous respecter. »
Le problème, poursuit-il, est que « nous avons un Président qui pleure chaque jour. Ce n’est pas en pleurant ou en attaquant les autres qu’on croit passer à l’action. Si l’autre me provoque ou me menace, l’important c’est d’être efficace pour réagir et non pleurnicher », faisant ainsi allusion aux nombreuses plaintes du pouvoir central sur le comportement du Rwanda et son Président en RDC. « On a tellement pleuré qu’on ne nous respecte plus ».
Gratuité de l’enseignement : « Ça n’existe que dans le discours de Tshisekedi »
Abordant la question de la gratuité de l’enseignement primaire qui serait à l’actif du bilan de Tshisekedi, Moïse Katumbi s’est montré catégorique pour affirmer qu’il n’existe que dans le discours de Tshisekedi et il le démontre : « Déjà à Kinshasa, le salaire d’un enseignant est de 247.000 FC, soit plus ou moins 85$. Son loyer est de 80$, et il lui reste 5$. Les enfants sont chassés de l’école et on en est encore à rançonner les parents.
Partout où je suis passé, j’ai posé la question et m’a répondu que cette gratuité n’existe pas. Dans le discours de Monsieur Tshisekedi peut-être, mais sur terrain elle n’existe pas ».
Actions au pouvoir : réduire le train de vie des institutions pour améliorer le social
Pour ce qui le concerne, Moïse Katumbi compte, en guise de ses premières mesures sociales, commencer par réduire le train de vie des institutions et augmenter les salaires. Il compte également lutter contre l’impunité « parce que, pour le moment l’Etat de droit n’existe plus dans le pays ».
Moïse Katumbi annonce, par ailleurs, un plan de 5 milliards USD pour l’Ituri et le Nord-Kivu afin d’y faire face aux besoins de développement et de lutte contre la pauvreté.
Au plan économique, Moïse Katumbi ambitionne d’augmenter les recettes de l’Etat pour stabiliser le taux du dollar « qui fait qu’aujourd’hui la situation socioéconomique soit invivable ».
Comparaison de nouveau avec Tshisekedi : à sa prise de pouvoir le taux de change était de 1.400 FC :1$ et aujourd’hui il est à 2.800 FC, soit le double., et c’est ce qui, selon Katumbi, complique le vécu quotidien des congolais. Et cette conclusion : « Monsieur Tshisekedi n’a pas de bilan ».
Retour sur ses projections, Moïse Katumbi évoque aussi l’adduction en eau potable et l’électrification qui permet d’avoir une économie forte.
Katumbi sans bilan au Katanga ? « Que Tshisekedi consulte les archives »
Interrogé sur son bilan au Katanga où il aurait été incapable de construire un aéroport à Kolwezi, Katumbi a renvoyé Tshisekedi aux archives où, selon lui, il apprendrait que longueur de la piste de Kolwezi était de 1.300 mètres et que sous son mandat, cette piste a été allongée jusqu’à 2.500 mètres. Et à l’époque déjà, rappelle-t-il encore, il y avait des avions qui s’y posaient directement en provenance d’Afrique du Sud, un pays assez méticuleux en matière des normes de navigation aérienne.
Il rappelle avoir également refait la route Kolwezi-Kasumbalesa sur laquelle il a posé plus de 29 ponts. Avant cette pointe : « Il (Ndlr : Tshisekedi) ne connaît pas le pays ».
Bilan : « Le vrai opposant de Tshisekedi c’est le peuple parce qu’il n’a pas de bilan »
Revenant sur la campagne électorale, le candidat N° 3 se félicite des ralliements dont il jouit aujourd’hui et constate qu’aujourd’hui « le candidat le plus faible c’est Tshisekedi ». « Les candidats qui m’ont rejoint sont très valables et nous devons reconstruire le pays ensemble ».
Rappelant le passé de Genève où l’opposition tenta de se trouver un candidat commun pour la présidentielle de 2018, Moïse Katumbi assure que son camp est gagnant « parce qu’il y a un rejet de la population vis-à-vis de Tshisekedi ». Et de marteler encore : « le vrai opposant de M. Tshisekedi c’est la population parce qu’il n’a pas de bilan. Aujourd’hui il s’attaque à moi, soit disant parce que je serais étranger, mais c’est parce qu’il n’a pas un bilan à présenter à la population ».
Pour preuve, Katumbi dément les chiffres de Tshisekedi sur son bilan de l’électrification du pays qu’il a dit avoir fait avancer de 20%. « C’est très faux », crie Katumbi qui brandit les chiffres de la banque mondiale, disant qu’en 2018, lorsque Tshisekedi prend le pouvoir, le pays accuse d’un taux d’électrification de 17,8%. Aujourd’hui la banque mondiale affiche 20%, « donc il n’a augmenté que de 2% ».
Nationalité zambienne : « C’est un débat de caniveaux »
Quant alliance non conclue avec le Dr Denis Mukwege, Moïse Katumbi n’en fait pas un motif de déception. Il préfère s’en tenir à sa campagne en se disant sûr et certain qu’il va gagner les élections avec son équipe.
Enfin, au sujet de sa nationalité zambienne et du passeport zambien qu’il aurait détenu, sujet qui revient abondamment dans le discours de ses adversaires politiques, Moïse Katumbi rit sous cap et parle d’un « débat de caniveau » puisqu’i n’a jamais eu la nationalité zambienne. « J’ai la lettre du ministre de l’Intérieur de la Zambie qui a été réceptionné à la Cour constitutionnelle », révèle Katumbi qui se demande si le passeport zambien constitue le débat de Tshisekedi.
Quant à JP Bemba qui l’a aussi traité d’étranger et de zambien, Moïse Katumbi ne s’est pas embrassé de circonlocution pour dire que son père était portugais et que lui-même a la nationalité portugaise.
Focalisé, en fin de compte, sur les élections, Moïse Katumbi dit espérer que « Monsieur Kadima va respecter sa parole » car « pour avoir la paix dans ce pays il faut avoir de très bonnes élections ». Pour sa part, il dit instruire ses partisans d’investir les bureaux de vote le jour-J jusqu’à la publication des résultats afin que sa victoire ne soit pas volée.
Synthèse réalisée par Congo Nouveau
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