Jusque tard, en fin de matinée du samedi 9 décembre, il était difficile de dire si Moïse Katumbi allait réussir le pari de conquérir la difficile ville de Kinshasa pour sa campagne présidentielle. Après avoir effectué un parcours particulièrement épique dans le Congo profond, même là où il était attendu le moins, le candidat n°3 devait affronter, dans la capitale, la traditionnelle hostilité des kinois à tout ceux qui viennent de l’arrière pays, les fameux « bawuta ».
Comme Papa Wemba qui fut défenestré d’un groupe musical kinois pour la même raison alors que sa célébrité dans cette même ville ne faisait plus l’ombre du moindre doute, Katumbi, dont les nouvelles de ses succès en province ont atteint Kinshasa, allait-il subir le même sort ? La question était bien intéressante et le pari plutôt abordable. Surtout que le camp du pouvoir avait pris le temps d’exacerber le discours de la xénophobie et de la haine de l’étranger, c’est-à-dire tout ce qui n’est pas kinois.
C’était, cependant, sans compter avec la « réalité Katumbi » qui, depuis le début de la campagne électorale, s’est ancrée comme une donne sociologique indéniable et incontournable. Et Kinshasa, comme un fruit mûr ou pas mûr, n’a pas résisté à cet ouragan.
À l’aéroport international de N’djili, le temps s’arrête peut avant 14 heures quand Moïse Katumbi émerge des installations aéroportuaires. Il trouve face à lui, un parking tout blanc de monde qui s’étend presqu’à perte de vue, jusqu’à frôler la concession du camp militaire CETA.
D’un geste écartant ses bras, il esquisse une étreinte comme pour rendre à Kinshasa, qui se présente à ses pieds, cette offre de communion au-delà de toute espérance. Dès cet instant, l’étape de Kinshasa est pliée pour la campagne du n°3. Une longue procession pédestre va débuter sous un doux soleil, mais aussi sous le regard ébahi des incrédules.
Avalé par l’immense foule, Moïse Katumbi va, pas après pas, prendre possession de la capitale sur ce célèbre boulevard Lumumba qui lui offre les clés de la capitale.
Sur 15 Km, Moïse Katumbi communie avec la foule qui ne fait que grossir alors qu’au terrain Sainte Thérèse de N’djili, son point de chute, l’ambiance ne cesse de prendre de l’ampleur. L’affluence aussi.
Au meeting, Katumbi se trouve devant la foule kinoise comme un poisson dans l’eau. Pas besoin, pour lui, de forcer la note : le public sait déjà quoi dire et quoi faire lorsqu’il entend « VAR », ce cri de ralliement qui a subjugué le Congo profond. Virevoltant, Moïse Katumbi va mettre en pièce le bilan du régime sortant.
Face à une foule plus qu’acquise, le candidat n°3 n’a aucune peine pour railler les promesses non tenues du régime sortant avant de dénoncer la corruption et les scandales de détournements de deniers publics qui ont jalonné le quinquennat finissant.
« Où est passé le projet MétroKin ? Combien de quartiers ont été électrifiés ou connectés à l’eau potable ? Les délestages ont-ils cessé ? Et les embouteillages ?», autant de questions touchant directement au quotidien de ce public qui y répond par des « NON » massifs. Abondamment assaisonnés de chants et slogans tels que « Félix, oyebela, mandat esili » et « Bayibi mingi ».
Pour ce qui le concerne, Katumbi prend l’engagement de construire une nouvelle capitale et d’en faire le miroir de la République Démocratique du Congo. Une ville à la circulation fluidifiée avec des routes de contournement modernes, de vrais sauts-de-mouton et des routes asphaltées dans toutes les communes.
CN
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